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Interview Abedi Pelé

Abedi Pelé

Abedi Pelé, le dribbleur fantastique, a connu la gloire dans la grande équipe de l’OM, vainqueur de la Coupe d’Europe des Clubs Champions en 1993. Il a ensuite joué à Turin et à Munich. Il a été trois fois ballon d’or africain, de 1991 à 1993. Abedi Pelé a arrêté sa carrière en novembre 1999.

 

1- Espace Sport : Retraçons votre parcours de footballeur. Lorsque vous rejoignez l’équipe marseillaise, réalisez-vous un rêve ?

Abedi Pelé : Je pense que oui parce que je n’ai jamais pensé dans ma carrière arriver à devenir un des meilleurs joueurs dans le monde. Je pense que pour moi, c’était une surprise ! Est-ce que je suis surpris de tout ce que j’ai réalisé, oui je le suis un peu car si on regarde par rapport à où j’ai commencé, dans les villages et au Ghana…


2- ES : Vous jouiez au poste de numéro 10. Aujourd’hui, on voit moins de numéro 10 polyvalent comme vous. Quelles sont les qualités pour ce poste ?

AP : Je pense qu’un numéro 10 doit toujours être un joueur spécial. Avec beaucoup plus de talent que les autres. C’est-à-dire au niveau physique, tactique et technique. A la fin du jeu, c’est la technique qui fait la différence car il faut savoir donner le ballon au bon moment, arriver à prendre toutes les responsabilités de l’équipe. Se dire « Même si ça marche pas, il faut que j’arrive à réaliser quelque chose ! ». C’est une personnalité vraiment à part. C’est pour ça qu’on ne voit pas beaucoup de numéro 10 parce que cela demande beaucoup de responsabilités et d’être mentalement fort. Et physique aussi parce que des fois, il faut donner la balle au gardien où à la défense, d’autres fois monter tout le terrain avec la balle et essayer de la donner au bon moment. Ca demande beaucoup de choses ! Quand on regardait les numéros 10 comme Maradona, Platini, ils savaient donner la balle avec beaucoup de précision. Et arriver à marquer aussi !


3- ES : Vous le faisiez très bien ! En 1991, est-ce que la défaite face à l’Etoile Rouge de Belgrade est votre plus mauvais souvenir ?

AP : Oh oui ! La première finale, c’était le moment où on avait une équipe très très forte. Carlos Mozer, Amoros, Papin, Waddle… on dominait le continent européen. Et perdre de justesse contre l’Etoile Rouge, c’était vraiment une surprise parce que nous, on savait qu’on était les plus forts, on l’a montré sur le terrain, on a dominé tout le match et on n’a pas réussi à marquer un but. On savait que ce n’était pas notre jour mais de perdre aux pénaltys, ça nous faisait rager ! On avait beaucoup de joueurs pour faire la différence à la fin mais on n’a pas réussi à forcer la défense. Après ça, en 1992, c’était une année très difficile pour Marseille parce qu’on était éliminé très tôt en coupe d’Europe. On reçoit notre salaire très tard parce qu’on ne joue pas la coupe d’Europe, l’argent ne rentre pas comme il faut. Mais les joueurs voulaient gagner le championnat. On a été gagner le championnat à Monaco, on a gagné 3-1. C’était un tournant pour l’Olympique de Marseille parce qu’on savait qu’on allait jouer la Champions League. Mais on savait que notre équipe, pas faible car on était solide, mais sans Papin, Waddle, Mozer, c’était juste. Mais les autres ont bien pris la place ! Comme Desailly pour Mozer, Boksic pour Papin. Mais ceux qui sont restés, moi, Basile Boli, Angloma et les autres, on avait un caractère très très fort. Je pense que les équipes françaises ont eu ce caractère de 1991 jusqu’à 2000. Les joueurs français ont cette mentalité d’être des gagneurs, avant c’était si on gagne, c’est bien, si on ne gagne pas, c’est pas grave !


4- ES : En 1993, pour le meilleur souvenir, vous êtes à l’origine du but…

AP : Ah la la, oui ! Pendant le moment où on se préparait pour la finale, les journalistes me posent des questions à gauche à droite... Je leur réponds qu’on ne peut pas perdre deux finales. On a perdu une finale, Dieu doit nous en donner une. Avec toutes les difficultés qu’on a eu pour arriver là-bas, on peut pas perdre, c’est ridicule car sinon, tu n’as rien fait ! C’est la réponse que j’ai donné aux journalistes. On me dit que sur le papier, Milan est plus fort que nous et comment on peut faire pour réussir. Et on m’a toujours appelé M le Grand Match, parce que tous les grands matchs, je suis présent. et j’ai gagné, je crois, le titre de meilleur joueur après ce match car on pensait que c’était moi qui était très fort. Au début de l’action qui a amené le but, je prends la balle au centre du terrain, je fais courir Maldini aux 18 mètres, je fais le centre, Maldini a touché, le met en corner. J’ai pris mes responsabilités pour tirer le corner. Avant ça, j’étais dans la chambre avec Basile Boli, Angloma et je dis : « Ecoute, comme ils sont grands derrière, je vais toujours tirer les corners au premier poteau, il faudra toujours quelqu’un au premier poteau » Et Basile, pour le corner, il savait que j’allais tirer au premier poteau, j’ai tiré, il a devié la balle et notre rêve s’est réalisé.


5- ES : Et quand Jean-Pierre Papin entre en jeu pour le Milan AC, c’est un joueur comme les autres pour vous ?

AP : Il y avait Gullit, Van Basten et Papin… Nous on savait les qualités de Jean-Pierre et s’il a une petite occasion, il va mettre au fond ! Alors on était très attentif du début jusqu’à la fin. Il a eu un petit accrochage avec Bathez même… Papin, c’était un joueur comme Gullit et tout ça, il était parmi les meilleurs joueurs du monde. Donc on avait ce respect pour lui mais il fallait être très présent.


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